Le dimanche, le 7 juin, nous voterons pour les élections qu'au Mexique nous appelons les intermédiaires. Ce sont les élections des députés fédéraux. Ce jour-là, nous allons choisir 300 députés, un pour chaque district. En plus 200 députés obtiendront un poste grâce à la représentation proportionnelle. Au Mexique, les députés peuvent être élus par voie directe, c'est-à-dire, en gagnant la majorité des votes du district, ou bien être députés "plurinominales" ou comme nous les appelons, les pluris.
Un exemple peut éclairer ce que signifie un député pluri. S'il y a 300 districts et que dix partis sont réprésentés et qu'un parti faible obtient 5% des votes nationaux il devrait avoir 15 députés. Mais peut-être, le parti est trop faible pour gagner un district. Alors, il serait illogique d'avoir obtenu 5% des votes mais de ne pas avoir obtenu de député. Pour résoudre ce problème de sous réprésentation, il y a 200 députés de réprésentation proportionnelle. Ils seront assignés selon le pourcentage des votes nationaux obtenu. Les partis présentent une liste de candidats pluris et selon le pourcentage obtenu ils obtiennent un lieu dans la chambre législative. Selon l'exemple, ils seront 10 députés, plus ou moins. De plus, seront élus 9 gouverneurs, 600 députés locaux, 871 maires et 16 chefs de délégation (la ville de Mexico est divisée en "delegaciones" (délégations).
Il y a des choses intéressantes dans l'éléction de dimanche. D'abord la participation de candidats indépendants, c'est-à-dire, les candidats qui ne font partie d'aucun parti politique. Au Nuevo Leon, un état très industrialisé un candidat indépendant avec le surnom de "El Bronco" (ce qui veut dire plus ou moins l'indomptable, le rebelle) a défié les partis les plus traditionnels et il sera probablement le futur gouverneur. Beaucoup d'analystes ont trouvé que cela peut être un réflet du dégoût de la societé envers les partis politiques. En effet, selon un sondage d'opinion récent, seulement 9% des citoyens font confiance aux partis politiques. Et c'est facile d'en comprendre la raison, les partis politiques ont décidé de faire candidats des gens qui n'apportent rien, par exemple une artiste appelée Carmen Salinas comme député, un joueur de Football comme maire à Queretaro, et à Guadalajara, la 3ème ville la plus importante du pays, un clown est candidat indépendant.

Lagrimita "C'est le temps qu'un vrai clown gouverne"
Carmen Salinas "Je ne me sentais pas de cette manière depuis les films de prostituées"
Un autre point intéressant est le mouvement du vote blanc. Le mouvement n'est pas nouveau mais maintenant il a grandi en force. Il s'agit d'aller voter, mais de ne voter pour personne. L'annulation du vote, selon le groupe qui propose cette stratégie, sera une réclamation morale aux partis politiques, indiquant qu'ils sont rejetés et que la societé demande des changements. Le mouvement a déclenché un vif débat. Ceux qui sont pour, expliquent que le vote blanc est le seul outil pour manifester le mécontent de la societé contre les partis politiques. Ceux qui sont contre, argumentent que la pratique est inutile et que les partis se sont montrés cyniques et immunisés à la critique, la seule raison d'existence des partis est de chercher le pouvoir. Les deux opinions ont des points valides.
Après on a la violence. Quelques régions du pays ont même vécu l'assassinat des candidats. Au Oaxaca et Guerrero, la zone où le massacre des étudiants l'année passée a choqué le pays, les professeurs ont ménacé de boycotter les élections. Ils ont déjà montré qu'ils ne plaisantaient pas, ces dernières semaines ils ont brûlé la documentation électorale, attaqué les bureaux des partis politiques, etc. La situation est tellement sérieuse que l'autorité électorale a déclaré que ce ne sera pas facile de garantir la normalité des élections dans ces états. Si les problèmes au Oaxaca et Guerrero sont graves la situation d'autres régions est pire. À Valle de Chalco, une ville de plus de 350,000 habitants, un candidat comme député a été assassiné. À Acapulco, une des 10 plus dangereuses villes du monde, un autre candidat, du même parti, a été enlevé. La violence, bien qu'elle ne soit pas généralisée, est présente dans de nombreuses régions du pays, 21 candidats ou précandidats ont été assassinés depuis le début du processus électoral.
Les élections seront compliquées, dans quelques régions difficiles, mais le dimanche nous, les mexicains, aurons le droit de choisir ceux qui feront les lois les 3 prochaines années au Mexique. La démocratie n'est pas parfaite, mais elle est le meilleur système du gouvernement que nous ayons trouvé.