Le week-end dernier nous avons été témoin au Mexique d'un chapitre de plus de ce qu'on peut appeler les relations entre le pouvoir et la presse. Le lincenciement d'un groupe de journalistes leaderés par Carmen Aristegui qui a révélé les plus scandaleux cas de corruption au sein du pouvoir au Mexique.
Carmen Aristegui
Parmi les reportages, on trouve l'achat de maisons à un constructeur par le président a des prix que les revenus de président ne permettent pas. Ainsi la même société a "vendu" une maison au ministre du trésor avec un taux d'intérêt de 50% plus bas que celui du marché. C'est difficile de croire que la société, HIGA, a obtenu par chance les plus gros contrats de ce gouvernement. De la même manière qu'il les a obtenu quand Peña Nieto, le président du Mexique, a été gouverneur de l'état de Mexico. Il y a au moins un cas évident de conflit d'intérêts si on achète une maison à une société qu'on doit évaluer après. Les irrégularités ont été nombreuses, mais les fonctionnaires ont nié tout conflit d'intérêts avec leur cynisme habituel. Ce cas est connu comme le cas de la maison blanche.
Un autre reportage important de cette équipe de journalistes : elle a enregistré la sécretaire du leader du PRI, Cuahutemoc Gutiérrez, lors d'une entretien d'embauche. Là, l'assistante de Gutierrez explique que les responsabilités du poste incluent des services sexuels au leader. Cette équipe a aussi dénoncé une sérieuse violation des droits de l'homme par l'armée, l'exécution d'un groupe de criminels sans jugement. De plus, il faut dire que la peine de mort n'existe plus au Mexique. On connait ce cas comme le cas Tlatlaya, d'après le nom du lieu où se sont passés les faits.
Cuahutemoc Gutiérrez.
Il y a quinze jours MVS, l'entreprise propriétaire de la chaine pour laquelle Aristegui travaillait, a licencié deux membres de l'équipe de Aristegui. Les journalistes faissaient partie de l'unité d'enquêtes spéciales, celle qui avait fait les reportages génants que j'ai mentionné auparavant. Le problème est que les reporters ont utilisé le nom de l'entreprise pour passer une alliance avec Mexicoleaks, afin de créer une nouvelle plateforme où des documents d'intérêt publique pourraient être reçus de manière anonyme. MVS a déclaré dans un communiqué que les reporters n'ont pas consulté l'entreprise. Le licenciement, pourtant, s'est réalisé sans consulter la chef directe de ces reporters, sans établir aucun dialogue pour résoudre le problème. Le conflit a pris de l'ampleur et Aristegui a pris position, si les reporters n'étaient pas réinstallés, elle a dit qu'il fallait trouver une solution au conflit, parce que qu'il lui était impossible de travailler sans eux. La réponse de l'entreprise a été de la licencier aussi.
Aristegui a accusé l'entreprise d'avoir répondu aux intérêts du gouvernement, qui d'après elle a utilisé ce problème pour la faire taire. C'est probable, mais il est possible aussi que tout le problème ait été un piège. Et Aristegui a mordu à l'hameçon. Maintenant une véritable guerre de déclarations et accusations entre les parties en conflit s'est déclenchée. D'après les antécédents, il est possible et logique que le gouvernement ait encouragé le conflit mais rien n'est certain.
Aristegui a reçu l'appui d'une grande partie de la population et elle a d'autres options pour s'exprimer. CNN, Reforma et sa propre page d'internet sont des moyens qu'elle utilise déjà pour faire du journalisme épineux et libre. Mais d'autres journalistes ne sont pas si chanceux. Les plus prestigieuses associations telles que Reporters sans frontières, Freedom house, Pen Club international, etc. ont lancé des critiques sur l'absence d'une vraie liberté de presse. Freedom House par exemple classifie depuis 2011 le pays comme "pas libre", la position occupe le lieu 132 de 192, et a souligné la persécution de reporters par des fonctionnaires et criminels, et l'impunité absolue des crimes contre la presse. D'ailleurs, le Mexique est le 7ème pays quant à l'impunité de crimes contre les journalistes. Pen a déclaré que le licenciement de Aristegui et son équipe est "regrettable". Reporters sans frontières a aussi très mal classé le pays, 148ème de 180 pays.
Il y a plus de 40 ans, au milieu des turbulentes années 60, Rius, un caricaturiste critique du gouvernement a été enlevé par l'armée. Les soldats l'ont ménacé, entre les choses qu'ils ont fait, lui ont bander les yeux et simuler une fusillade. Tout pour le faire taire. Mais Rius ne s'est pas tû, il a continué sa labeur critique pendant plus de 50 ans. Durant toute cette periode beaucoup de journalistes ont été assassinés ou emprisonnés. La liberté de presse a avancé au Mexique et l'appui que la population a montré à Carmen Aristegui est une évidence que personne ne veut retourner aux temps où le gouvernement avait un contrôle absolu de la presse. Et bien sûr, ça ne passera pas.
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