miércoles, 29 de octubre de 2014

Les drogues et la musique populaire du Mexique.

L'influence des drogues et des barons de la drogue, a imprégné la societé mexicaine et sa culture populaire. La musique, les films, la mode et même la religion ont reçu l'influence du narcotrafic. Les chanteurs de musique "banda" (un type de musique du nord du pays qui utilise l'accordéon, trompette, etc.) sont connus pour chanter des histoires qui adulent les criminels. Il y a même des chanteurs qui ont subi la censure du gouvernement. Normalement c'est le "corrido" qui se chante, le "corrido" est un genre de chanson qui raconte des histoires et donne une morale. Traditionnellement les corridos ont raconté l'histoire de héros révolutionnaires ou rebelles.

Dans la nouvelle musique de "banda" les criminels sont présentés comme les héros du pays. Les chansons sont caractérisées souvent par un langage vulgaire et obscène, où les héros sont des hommes braves, hardis et surtout, des modèles de succès. Les criminels apprécient ces démostrations d'admiration, et les récompensent. Quelques artistes cherchent le contact avec les criminels. Les homicides de chanteurs liés à la drogue sont une partie de l'évidence de ces relations.

Parmi les chansons inspirées par le narcotrafic il y en a d'origine fictive et réelle. Par exemple la série de télévision americaine "Breaking Bad", a utilisé un groupe de Sinaloa "Los cuates de Sinaloa" (Les amis de Sinaloa) pour faire une chanson sur le personage principal de la serie Walter White, appelé "Negro y Azul" (Le noir et le bleu). La chanson est une menace de mort à un dealer et producteur de drogues américain qui a des problèmes avec les groupes criminels mexicains. 

"Los tigres del norte" (Les tigres du nord), ont composé "Contrabando y traición" (contrebande et trahison), qui raconte l'histoire de Camelia la texane et Emilio Varela, deux narcotrafiquants qui introduisent des drogues aux États-Unis, dans la chanson Camelia est amoureuse d'Emilio. Emilio decide de quitter Camelia et elle se sent trahie et tire sur Emilio sept coups de feu. La chanson a inspiré l'écrivan espagnol Arturo Pérez Reverte qui a écrit "La reina del sur" (La reine du sud), le roman est devenu un feuilleton télévisé qui a inspiré aux "Los Tigres del norte" une nouvelle chanson, La reina del sur. Le cercle est réfermé.

Il y a aussi des chansons où on critique le système, par exemple, La granja (La ferme), une parodie de la guerre contre les drogues et le commencement des éclats de violence criminelle. Le début d'une telle violence, est liée, selon la chanson au gouvernement de Vicente Fox, qui en ignorant les périls des seigneurs de la drogues a laissé sans contrôle le narcotrafic. Ainsi, il a libéré une force qu'il ne comprenait pas. Dans la chanson, la chienne est le narcotrafic, le grand-père l'ancien régime (le PRI, parti que Fox avait vaincu), le renard Vicente Fox, la corde que la chienne a mordu le contrôle que l'ancien régime avait sur le crime, etc. Toute la chanson est plein de références. Cette chanson a subi des tentatives de censure de la part du gouvernement, possiblement dû au fait qu'il y a une partie de la chanson qui parle de la mort d'un bon ami du président Calderon (le successeur de Fox).

Dans un pays pauvre comme est le Mexique, l'argent et le pouvoir sont vus comme les synonymes de succès, peu importe comment ils sont obtenus. En plus, le mépris contre le gouvernement corrompu de la part d'une grand partie de la population fait peut-être voir les criminels comme les combattants du régime qui a abusé pendant des années du peuple sans défense. Une vision pauvre, parce qu'il y assez d'évidences que le narcotrafic et les politiciens ne sont pas ennemis, mais un seul groupe. Peut-être c'est l'explication du grand succès des nouveaux corridos, maintenant appelés "Narco corridos". Mais il y a aussi des corridos qui chantent les héros réels au lieu d'aduler les criminels, par exemple le corrido d'Alejo Garza Tamez. Un homme qui a défendu son ranch contre une bande de criminels. Il est mort en luttant contre eux, non sans en avoir tué quelques-uns.

lunes, 27 de octubre de 2014

La dictature parfaite (film) ou le mariage entre le pouvoir et les médias.

Le film La dictature parfaite de Luis Estrada présente une thèse : Le mariage entre le pouvoir et les médias est la plus puissante arme qu'utilise la plutocratie pour manipuler le peuple et contrôler le pouvoir. C'est une vieille relation de complicité qui a porté ses fruits aux deux parties. Bien que la thèse du film pourrait être valide dans tout le monde, avec des nuances et différences, au Mexique les acteurs d'une telle relation ont des noms, Televisa et le PRI.

Aux premières minutes, on peut lire une phrase : "Les noms des personages ici présentés sont fictifs, mais les faits sont rééls. Les ressemblances ne sont pas des coïncidences." Une phrase très adéquate, si un étranger voyait le film il croirait que les dialogues sont fictifs et ne s'apercevrait pas que beaucoup d'entre eux sont de malheureuses citations déguisées ou textuelles. Par exemple : "Nous les mexicains faisons les travaux que même les noirs ne veulent pas faire" (Vicente Fox, président du Mexique 2000-2006), "Je ne sais pas le prix des achats, je ne suis pas une femme au foyer" (Peña Nieto, le président actuel), etc.

Le film parodie le système et beaucoup de politiciens, présentateurs, réalisateurs, reporters, etc. Il fait un portrait crédible du système actuel. L'éthique de Televisa et du PRI se montre telle qu'elle est, son seul code de conduite est l'argent. Il y a eu des exemples d'un tel code, par exemple le payement de journalistes de Televisa par le gouvernement, ces payements sont arrivés à plus de 150,000 euros pour quelques-uns. Quel type de critique peut sortir de journalistes qui ont reçu ces quantités d'argent, c'est difficile de critiquer le patron, et plus difficile de penser qu'eux sont des journalistes compromis avec la vérité.

Il y a eu des dénonciations de journalistes sur les tentatives de les forcer à se taire ou bien de parler en faveur du régime. La télévision, bien sûr, ne se vend pas seulement pour aduler le gouvernement, mais aussi pour calomnier, éluder les thèmes incommodes, ou bien même créer l'information quand c'est nécessaire. Ainsi les médias, et spécialement la télé est devenue un pouvoir tellement grand qu'elle peut être la grande électrice, et même désigner le président de la république.

Une chose qu'il faut remarquer, le réalisateur du film a dit qu'un des investisseurs pour rendre possible le film a été Televisa. Quand le film est sorti ils ont essayé de le censurer.


miércoles, 22 de octubre de 2014

Au Mexique rien ne se passe.

Au moins selon les politiciens, notre pays est un paradis. Nous, les citoyens, sommes des ingrats qui ne comprenons pas les sacrifices de nos dirigeants, et qui les diffamons. C'est la conclusion à laquelle on peut arriver après avoir lu les déclarations de certains gouverneurs.

Il y a deux semaines, par exemple, Javier Duarte gouverneur de Veracruz a déclaré : "Dans le passé nous parlions de fusillades, enlévements etc. aujourd'hui on parle de vols de "pingüinos et frutsis" (des petits gâteaux et des jus) dans les oxxos (une chaine de magazins), on doit parler des choses positives de l'état". Une déclaration qu'on pourrait dire, est un peu exagerée, surtout parce que l'état de Veracruz est le troisième état en nombre d'enlèvements, avec un taux qui a augmenté de 90% par rapport à l'année dernière. Le lendemain où Duarte a fait une telle déclaration, un bus a été enlèvé dans la zone sud de Veracruz et une femme a été violée. Personne n'a été arrêté, ce n'est pas la première fois et bien sûr, ce ne sera pas la dernière.


Dans le Guerrero, Angel Aguirre, gouverneur de cet état, a dit qu'il a "la conscience tranquille". C'est bien d'avoir la conscience tranquille et de bien dormir, après tout, 43 familles ne peuvent pas bien dormir parce que leurs familliers ont été assassinés. La conscience d'Aguirre dort bien même si Acapulco, la ville la plus importante de l'état et un port d'importance touristique, commercial et industriel, est considérée la deuxième ville la plus dangereuse du monde. Les nombreuses manifestations qui demandent la démission de ce sympa alcoolique ont été qualifiées par Aguirre comme "des intentions pour déstabiliser l'état". Peut-être il ne le sait pas mais l'état qu'il gouverne (soit disant gouverne), est le centre d'un scandale international.


Eruviel Avila possiblement a écouté parler ses collègues et il n'a pas voulu se taire, toujours une bonne idée pour un politicien mexicain. Il a declaré que dans l'état de Mexico "il n'y aura pas d'impunité". L'état où il gouverne est l'état champion de ce qu'au Mexique on appelle "feminicidio" (homicide d'une femme en vertu de son genre).  Quel est le taux d'impunité de ce type de crime? 95%.  L'état de Mexico est le 3ème état le plus corrompu du Mexique, alors, il semble qu'il y ait de l'impunité.


Les trois gouverneurs dont j'ai choisi de parler sont seulement une petit partie de ce qu'on écoute au Mexique, mais, pourquoi peuvent-ils parler d'une telle manière? Parce qu'ils se prennent pour des êtres supérieurs, éloignés de la population, ils ont perdu tout sens de la réalité. Ils ont perdu aussi le concept de la honte. Il y a une chose qui permet d'avoir un tel comportement, l'impunité. Personne parmi les politiciens n'est puni. Ni l'évidence, ni la gravité du crime ne seront importants si le politicien a quelque chose à vendre aux plus hautes sphères. Le système qu'ils ont créé, garantit l'impunité.

J'ai vu il y a quelques jours une émission où une journaliste se demandait pourquoi le gouverneur d'un état où la police a fait disparaître 43 étudiants (et je veux dire, disparu, ça veut dire mort) n'avait pas démissioné, mais ce qu'elle ne savait pas est que les gouverneurs ont aussi des supers pouvoirs. Quel super pouvoir? Le super cynisme. Il y a quelques décenies Mario Vargas Llosa, le Nobel de littérature, a appelé le Mexique la dictature parfaite. Le nom reste valable aujourd'hui.

lunes, 20 de octubre de 2014

Il y a aussi de bonnes nouvelles au Mexique.

Un élève de lycée a gagné la médaille d'or aux jeux olympiques de chimie latinoamericains à Montévideo, Uruguay. D'ailleurs, le Mexique a gagné l'or, l'argent et deux de bronze dans une compétition qui a inclus 17 pays. Saul Blanco, le gagnant de l'or, avait déjà  obtenu  le bronze à l'olympiade mondiale de la spécialité à Hanoi où plus de 70 pays avait participé.

La même semaine, l'avocate mexicaine Alejandra Ancheita a gagné le prix des droits de l'homme, Martin Ennals, le plus important dans la matière. Elle a été reconnue pour son travail avec les communautés indigènes et la défense des migrants. Un travail qui a des risques, même des ménaces de mort pour Ancheita, son père qui a travaillé à la défense de gens vulnérables est mort le jour du 8ème anniversaire d'Ancheita dans des conditions peu claires. Son travail inclut l'éducation et l'organisation des communautés à Oaxaca où elle cherche à donner l'opportunité de choisir, d'une manière informée, aux paysans qui subissent la pression des entreprises internationales pour vendre leur terre que sera convertie en fermes d'énergie éolienne. Ici plus d'information.

Dans le champ scientifique Sanjaya Rajaram, un indien naturalisé mexicain a été annoncé comme le gagnant du prix mondial de l'alimentation, le plus important d'agriculture, pour sa contribution au développement de nouvelles variétés de blé résistantes aux plaies. Son travail a permis avoir deux récoltes par année au lieu d'une, et de cette façon combattre la faim. Les varietés développées par Rajaram sont utilisées par des fermiers grands et petits sur tous les continents. Sa contribution a aidé à produire plus de 200 millions de tonnes de blé en utilisant quelques varietés des 480 qu'il a crée. Elles ont été cultivées dans 51 pays. La majeur partie de son travail a été développée dans le centre international pour l'amélioration du blé et du maïs (Cimmyt).

Le Mexique est un pays où la tragédie et les bonnes nouvelles font partie de la vie quotidienne, l'information négative sera toujours plus choquante, les journaux donneront plus d'espace à cette information. Et c'est vrai que nous devons faire attention à l'information négative parce qu'il faut combattre les problèmes de notre pays. J'ai écrit cet article pour équilibrer un peu la mauvaise image que mon pays a acquis les dernières années. C'est important de rappeler que la grande majorité des mexicains ne sont pas ce qui se montre dans les médias,  mais sont victimes d'eux.

lunes, 13 de octubre de 2014

De nouveau les étudiants, de nouveau le gouvernement.


Iguala, Guerrero est une ville d'un peu plus de 100 mille habitants, aujourd'hui malheureusement connue pour la disparition d'étudiants "normalistas". Les "normalistas" sont les étudiants qui deviendront professeurs, appelés de cette manière parce que la "normal" ou "normal superior" sont les écoles où on étudie pour être professeur. Le niveau d'études est équivalent au niveau universitaire. L'école d'où les étudiants viennent est la "normal" d'Ayotzinapa, une école qui a la particularité d'être formatrice de professeurs ruraux, d'origine pauvre. L'école fut conçue comme faisant partie d'un plan des années 20's pour la massification de l'éducation rurale.

Le Guerrero est un des états les plus pauvres du Mexique. Là se trouve la commune la plus pauvre du pays, et là aussi se trouve la plus grande production de pavot du pays, la matière première pour l'héroïne. Mais il y a un antécédent qu'il faut rappeler. Les noms de Lucio Cabañas et Genaro Vazquez, deux guerrilleros des années 70's, aussi professeurs, professeurs sortis de l'école "normal" d'Ayotzinapa : ces deux professeurs ont été à la tête du principal mouvement guerrillero des années 60's et 70's.

Les étudiants, alors, viennent d'une tradition de lutte sociale, d'idéologie de gauche. Ils sont habitués à la confrontation avec la police et le pouvoir en général. Maintenant, au gouvernement s'ajoute les seigneurs de la drogue, les chefs actuels des corps policiers.

Le 26 septembre, les étudiants avaient voyagé à Iguala dans le cadre de manifestations et de collectes. À 22 hrs, les policiers ont accusé les étudiants d'avoir pris les bus par force, la discution a tournée à la bagarre et les policiers ont tiré sur les étudiants qui se sont enfuis. Quatre heures après, les étudiants parlaient avec quelques journalistes, en denonçant les problèmes, quand on leur a de nouveau tiré dessus. La fusillade a causé 6 morts, 3 étudiants, une femme dans un taxi et deux joueurs de football que se trouvaient dans un bus qui passait. En plus de 25 blessés. Au même moment, un bus d'étudiants a été attaqué avec des fusils d'assaut, c'est le bus des étudiants disparus. Le bus transportait 58 étudiants, 43 restent disparus.

Les étudiants qui ont pu s'échaper, sont ceux qui ont denoncé que les policiers étaient les attaquants. Le maire de la ville se cache et personne ne sait où il se trouve. Tous les indices font penser que le maire est lié au narcotrafic, et maintenant il y a un mandat d'arrêt contre lui. Au limite du cynisme, un groupe de criminels, "guerreros unidos" (guerriers unis), a exigé au gouvernement la liberation des policiers et la fin de la persecution contre "son" maire.

Le gouvernement comme à chaque fois qu'une chose pareille se passe a promis que les enquêtes "arriveront aux dernières conséquences". C'est le même discours que celui du massacre d'Aguas blancas (1995, où les policiers ont tué 17 paysans désarmés) et de beaucoup d'autres crimes que l'état a commis ou toleré, et la promesse que cela ne se répètera jamais est si faible. Tellement faible qu'hier des policiers ont tiré contre d'autres étudiants, 10 : 3 français, 2 allemands, 5 mexicains, cette fois de l'université Technologique de Monterrey. Un blessé d'origine allemande est le résultat. Où s'est passée la nouvelle attaque des étudiants? Dans l'état de Guerrero, qui l'ont fait? Des policiers de l'état de Guerrero.

Le comic initial (dessiné par guerrilla comic) s'appelle le cycle de l'autoritarisme, pourquoi? Parce que le maire de Guerrero est un homme de gauche, de même que le gouverneur de l'état, qui a refusé de démissionner à moins qu'un plébiscite le force, l'INE, l'autorité électorale du Mexique a nié la possibilité de faire un tel plébiscite.

jueves, 9 de octubre de 2014

Un mexicain à Marseille.

"Qui sauve une seule vie sauve le monde entier." Le Talmud



Si on demande le nom d'un héros mexicain, je suis certain que Gilberto Bosques ne serait pas mentionné. Sans doute, une grande injustice, que ce mexicain ne soit pas connu au Mexique ou en France. Mais, qui est Gilberto Bosques et pourquoi peut-on dire qu'il a été un des grands héros du Mexique? Pour répondre à cette question on doit aller dans le passé, plus spécifiquement en Europe à la fin des années 30's du XXème siècle. 

En 1939, la guerre civile avait fini avec la victoire des nationalistes, les communistes survivants ont dû s'exiler, beaucoup d'entre eux, en France. En même temps, des juifs, des dissidents du fascisme, et d'autres minorités poursuivies avaient trouvé asile en France. Mais le cauchemar pour les exiliés n'était pas fini, le 3 septembre de la même année, la France déclarait la guerre à l'Allemagne. Les événements se sont succédés très vite. En juin 1940, la France se rend aux armées allemandes et italiennes. La vie des exiliés était en péril.

Mais, pourquoi on a mencionné tout ça pour parler de Gilberto Bosques? Et bien, parce qu'à cette époque, il était le consul général mexicain en France. Lorsque l'Allemagne a assumé le contrôle de la France la vie des juifs, des communistes, des républicains espagnols, etc, était en danger. Gilberto Bosques commence une campagne pour sauver autant de vies que possible, ce qui est devenu la devise personnelle de Bosques. Cela peut sembler facile parce qu'il avait la protection diplomatique, mais dans la France occupée l'immunité diplomatique n'était pas ce qu'elle devrait être. 

Bosques est arrivé en France à Paris comme consul du Mexique, mais dû à l'occupation allemande, il a changé le consulat d'abord à Bayonne et après à Marseille. Lorsque Bosques a occupé le poste de consul il a compris qu'il était nécessaire d'aider les autres groupes en plus des mexicains en France. Il y avait un accord que si une personne avait un visa pour sortir de France, le gouvernement ne chercherait pas à arrêter ces personnes. Beaucoup de monde a commencé à chercher un visa mexicain, et le consulat de Bosques a délivré plus de 40,000 visas. Cela a permis de sauver la vie à des dizaines de milliers de personnes. 

La quantité de demandants a été tellement grande que Bosques a loué deux châteaux pour donner l'asile aux sollicitants. En déclarant les châteaux territoire consulaire, Bosques empêchait que les autorités pérsecutent les réfugiés. De plus, Bosques a obtenu de l'argent pour le transport de milliers de refugiés et il a falsifié l'information de beaucoup de gens pour leur permettre de sortir de France. Tout ça n'était pas gratuit, les gouvernements français, allemand, espagnol et même japonais ont fait pression sur Gilberto Bosques. 

En 1942, en violant tout droit international, la Gestapo a occupé le consulat mexicain et arrêté tout le personel, sa famille inclus. Il a été confiné avec sa famille d'abord à Amélie-les-Bains, France et après, en violant les garanties consulaires de nouveau, dans un château-prison à Bad-Godesber. En 1944, les négociations entre le gouvernement allemand et mexicain ont permis l'échange de prisonniers allemands et mexicans, permettant à Bosques de revenir au Mexique. Des milliers d'exilés l'ont reçu à son arrivée dans la ville de Mexico.

La vie diplomatique de Bosques a continué après les événements que je vous raconte, il a été ambassadeur au Portugal, en Suède et au Cuba pendant 11 ans où il a aidé à s'exiler des cubains dissidents des dictatures de Franco, Batista, et, puis, des dissidents de la dictature de Castro.

Il est mort à l'âge de 102 ans, le 4 juillet 1995. Entre autres distinctions, le centre d'études internacionales du sénat mexicain porte son nom, il a été nominé comme "juste parmi les nations" et il existe un prix des droits de l'homme du même nom, attribué par les ambassades allemandes et françaises, créé en 2013.



miércoles, 1 de octubre de 2014

Le 68 Mexicain.



Le 22 juillet 1968, une bagarre entre les élèves de deux lycées (la vocacional 2 et la vocacional 5) après un match de football américain fut brutalement réprimée. Le corps policier de la ville de Mexico, appelé le corps de "granaderos", avec la bestialité propre de l'époque, a mis en prison quelques étudiants. Cet événement a déclenché un mouvement estudiantin qui, peut-être, a été le plus important depuis la révolution mexicaine. Le mouvement est devenu de plus en plus important et ce qui d'abord était une demande de justice pour des étudiants violement frappés, a tourné à l'exigence de la liberté pour les prisonniers politiques, la démocratisation du pays, la disparition de quelques corps policiers, etc.

Le système politique, à cette époque, n'avait ni l'expérience ni la volonté de négocier de façon ouverte avec la société et la réaction du gouvernement a été d'endurcir les mesures contre les étudiants. Gustavo Diaz Ordaz, membre du PRI, le parti du gouvernement depuis toujours, était le président, et le 12 octobre les jeux olympiques devaient commencer. D'ailleurs, Diaz Ordaz, qui, aujourd'hui nous le savons a travaillé avec la CIA, était convaincu que les étudiants voulaient renverser le gouvernement et instaurer un régime communiste.

Ainsi, après un processus de quelques mois, où le gouvernement avait utiliser une répression croissante, une manifestation a été appelée pour le 2 octobre. Le lieu, la place des trois, culturesTlatelolco. Les étudiants ne le savaient pas, mais le gouvernement avait tendu un piège. Pour mieux comprendre ce qui s'est passé, il est important de connaître Tlatelolco. La place de Tlatelolco est un endroit carré, avec un espace ouvert au centre, entouré par des batîments qui peuvent servir de barrages. C'est dans ces batîments que le gouvernement avait placé des francs-tireurs. Pas seulement des francs-tireurs, mais également des élements de l'Etat-Major présidentiel. Un groupe de paramilitaires connu après comme "Batallon Olimpia", qui utilisait un gant blanc comme signe distinctif.

Quand le meeting a commencé, les étudiants ne le savaient pas, mais ils étaient cernés par l'armée. Personne ne pourrait sortir de la place, en plus de l'infanterie, cette fois il y avait des tanks. Un peu avant la nuit, pendant le discours d'un leader des étudiants, un hélicoptère a jeté un feu de bengale. C'était le signal pour l'attaque. Mais l'armée n'aurait pas attaqué les étudiants désarmés sans provocation. C'est ici qu'on comprend la tâche des francs-tireurs. Leur travail n'était pas de tirer sur les étudiants, mais sur l'armée, de cette manière, l'armée attaquerait les étudiants en croyant qu'ils étaient l'ennemi. Une des premières victimes des francs-tireurs a été le chef de l'armée. Sans commandant, l'armée est devenue incontrôlable, et la répression fut brutale. Même aujourd'hui, personne ne sait le nombre de morts, l'estimation est entre 200 et 1500 morts selon la source. Plus de 3000 étudiants ont été détenus. Les excès et les mesures illégals de la part de l'armée ont été nombreux.

Les conséquences de ce massacre pour la vie du Mexique ont été profondes. Beaucoup de gens pensent, et je partage leur opinion, que ce triste moment, quand le gouvernement décide de tuer ses citoyens, est le moment ou l'ancien système commence à mourir. La Gauche s'est radicalisée et, dans ce massacre et celui des étudiants en 1971, on peut trouver les racines des mouvements armés des années suivantes. C'est triste, mais c'est aussi le réveil du peuple mexicain, le moment où tout le monde a compris que le Mexique était une dictature. 

Je veux vous montrer une dernière photo pour presque finir ce petit article, la date de la photo je ne la connais pas, mais ce n'est pas le 2 octobre:


Le jeune qui reçoit le coup de fusil d'un soldat s'appelle Ernesto. Après, il a étudié économie dans le IPN (Instituto Politécnico Nacional, une des meilleures universités du Mexique), puis, il a obtenu le doctorat en économie à l'université de Yale. "C'est moi", a-t-il dit quand un journaliste lui a demandé si le jeune de la photo était lui. J'étais un libéral à l'époque et un démocrate. Et c'était vrai. Le 2 julliet 2000, Ernesto, alors monsieur le président du Mexique, Ernesto Zedillo Ponce de Leon, reconnaissait le triomphe de Vicente Fox, dans ce qui se considère la première élection présidentielle libre du Mexique. Fox devient le premier homme d'un parti différent du PRI, le parti de Zedillo, qui avait gouverné le Mexique pendant 70 ans de domination exclusive, le parti qui avait ordonné le massacre de Tlatelolco. Ernesto, l'ancien étudiant et participant des manifestations du 68 mexicain, est devenu une pièce clé pour la naissance de la démocatie mexicaine.

Pour en savoir plus, je vous conseille ce site, un livre, La nuit de Tlatelolco, par Élena Poniatowska et un film, Rojo Amanecer (Aube rouge) de Jorge Fons.