Au moins selon les politiciens, notre pays est un paradis. Nous, les citoyens, sommes des ingrats qui ne comprenons pas les sacrifices de nos dirigeants, et qui les diffamons. C'est la conclusion à laquelle on peut arriver après avoir lu les déclarations de certains gouverneurs.
Il y a deux semaines, par exemple, Javier Duarte gouverneur de Veracruz a déclaré : "Dans le passé nous parlions de fusillades, enlévements etc. aujourd'hui on parle de vols de "pingüinos et frutsis" (des petits gâteaux et des jus) dans les oxxos (une chaine de magazins), on doit parler des choses positives de l'état". Une déclaration qu'on pourrait dire, est un peu exagerée, surtout parce que l'état de Veracruz est le troisième état en nombre d'enlèvements, avec un taux qui a augmenté de 90% par rapport à l'année dernière. Le lendemain où Duarte a fait une telle déclaration, un bus a été enlèvé dans la zone sud de Veracruz et une femme a été violée. Personne n'a été arrêté, ce n'est pas la première fois et bien sûr, ce ne sera pas la dernière.
Dans le Guerrero, Angel Aguirre, gouverneur de cet état, a dit qu'il a "la conscience tranquille". C'est bien d'avoir la conscience tranquille et de bien dormir, après tout, 43 familles ne peuvent pas bien dormir parce que leurs familliers ont été assassinés. La conscience d'Aguirre dort bien même si Acapulco, la ville la plus importante de l'état et un port d'importance touristique, commercial et industriel, est considérée la deuxième ville la plus dangereuse du monde. Les nombreuses manifestations qui demandent la démission de ce sympa alcoolique ont été qualifiées par Aguirre comme "des intentions pour déstabiliser l'état". Peut-être il ne le sait pas mais l'état qu'il gouverne (soit disant gouverne), est le centre d'un scandale international.
Eruviel Avila possiblement a écouté parler ses collègues et il n'a pas voulu se taire, toujours une bonne idée pour un politicien mexicain. Il a declaré que dans l'état de Mexico "il n'y aura pas d'impunité". L'état où il gouverne est l'état champion de ce qu'au Mexique on appelle "feminicidio" (homicide d'une femme en vertu de son genre). Quel est le taux d'impunité de ce type de crime? 95%. L'état de Mexico est le 3ème état le plus corrompu du Mexique, alors, il semble qu'il y ait de l'impunité.
Les trois gouverneurs dont j'ai choisi de parler sont seulement une petit partie de ce qu'on écoute au Mexique, mais, pourquoi peuvent-ils parler d'une telle manière? Parce qu'ils se prennent pour des êtres supérieurs, éloignés de la population, ils ont perdu tout sens de la réalité. Ils ont perdu aussi le concept de la honte. Il y a une chose qui permet d'avoir un tel comportement, l'impunité. Personne parmi les politiciens n'est puni. Ni l'évidence, ni la gravité du crime ne seront importants si le politicien a quelque chose à vendre aux plus hautes sphères. Le système qu'ils ont créé, garantit l'impunité.
J'ai vu il y a quelques jours une émission où une journaliste se demandait pourquoi le gouverneur d'un état où la police a fait disparaître 43 étudiants (et je veux dire, disparu, ça veut dire mort) n'avait pas démissioné, mais ce qu'elle ne savait pas est que les gouverneurs ont aussi des supers pouvoirs. Quel super pouvoir? Le super cynisme. Il y a quelques décenies Mario Vargas Llosa, le Nobel de littérature, a appelé le Mexique la dictature parfaite. Le nom reste valable aujourd'hui.
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